(...) la comtesse Adhémar de Cransac déclarer : « C’est incroyable le toupet de ces gens ! En revenant de notre maison de campagne de Sorgues, tout à l’heure, avec notre cabriolet, nous avons traversé le sordide quartier de la Carrèterie. Et, place des Carmes ne voilà – t-il pas qu’un de ces… un de ces gens traverse la place et tente de s’emparer des rênes de notre cheval. Notre cocher ne l’a vu que trop tard. Le cheval a fait un écart. J’ai eu très peur. Il devait être saoul. Il baragouinait dans son infâme sabir. René qui comprend l’italien m’a dit qu’il maudissait les Français. On n’est plus chez soi, alors ! » René, son époux, renchérit : «Depuis ces regrettables échauffourées dans les marais salants de Peccais, à côté d'Aigues Mortes, en 1893 – je m’en souviens d’autant mieux que c’était l’année de notre mariage - nos relations avec ces gens se sont beaucoup envenimées. Notre ami Ducos qui a fait de nombreuses interventions à la Chambre sur les questions ferroviaires nous a assurés que sur les chantiers du chemin de fer PLM on assiste, de plus en plus souvent, à des rixes qui opposent nos ouvriers français à tous ces étrangers. Il ne faut pas oublier que l’Italien des basses classes est un imbécile ombrageux et borné. Il est bien le digne représentant de ces « classes dangereuses », décrites par Honoré Antoine Frégier ! Moi, je comprends ces modestes paludiers d’Aigues-Mortes, ou d’ailleurs, qui travaillent durement pour nourrir leurs familles. Voir arriver parmi nous tous ces Bàbis, comme dit Apolline, notre cuisinière, dans son savoureux patois et être... (...)